Le mardi 10 avril 2018 a eu lieu la première matinée numérique d’une série de 3, dans le cadre de la Semaine numérique de Québec. M. René Audet, professeur de littérature à l’Université Laval a invité 4 autres panélistes à se prononcer sur le sujet du «storytelling» par le numérique.

Le «storytelling» selon M. René Audet

Selon M. Audet, le terme «storytelling» est un peu galvaudé, puisqu’il peut être complexe. Il prend des couleurs variables selon la façon qu’il va être utilisé. La notion est présente partout, parce qu’elle a un pouvoir, dont on se sert en politique. Une hypothèse propose que la victoire de Trump soit due à sa grande facilité à raconter des histoires. Il avait une tendance à raconter des histoires où il y a des bons, des méchants et des héros. Le «storytelling» est donc un outil de persuasion et de rhétorique.

L’opinion de Bruno Marchand, réalisateur chez Kabane agence de marques

Bruno Marchand a commencé sa carrière en télévision. À l’époque, il y avait deux options pour les personnes ayant choisi la voie de la production vidéo, et c’étaient la télévision et le cinéma. Maintenant, grâce au numérique, la diffusion est démocratisée. On peut aussi changer les façons classiques de créer et de raconter les histoires. Grâce aux algorithmes, on peut aussi trouver notre audience et avoir un «feed-back» instantané de leurs réactions. Cela crée par contre un danger d’authenticité. Si on s’en remet seulement aux feed-back, on risque de changer sa façon de créer pour plaire, et donc perdre l’authenticité.

Les réflexions de Samuel Matteau, cinéaste

Les propos de M. Matteau indiquent que la voie de l’avenir pour les artistes est l’hybridation. Le numérique est un espace de tous les possibles. Ayant travaillé dans des projets variés, M. Matteau a constaté que la réalité virtuelle est contraire aux règles établies, étant anti-narration. En cinéma, ce qui est vu est imposé par l’artiste. La réalité virtuelle permet à l’utilisateur de voir ce qu’il veut voir, et non seulement le point de vue qu’on veut lui présenter. La réalité virtuelle est plutôt comme le théâtre, où il faut trouver un moyen d’attirer l’attention à certains endroits alors que l’utilisateur est libre de porter son attention là où il le veut.

Les moyens numériques d’Anne-Josée Lacombe du Musée national des beaux-arts du Québec

Il existe un pavillon de l’ancienne prison à même l’enceinte du Musée national des beaux-arts du Québec. Voulant exploiter davantage ce monument historique, Mme Lacombe et le Musée ont trouvé un moyen de faire revivre l’ancienne prison. Par une chance inouïe, il existe un récit du séjour d’un journaliste, M. Jules Fournier, qui a séjourné en prison 15 jours en 1909. Ils ont donc recréé l’univers de la prison en audio 360 degrés. Le bâtiment étant existant, ils ont voulu recréer l’univers sonore de l’époque. Ils ont donc recréé les bruits ambiants de la prison et ont fait une narration de certains propos de M. Jules Fournier.

Les constatations d’Elisabeth Mercier, professeure à l’Université Laval

Professeure de sociologie spécialisée en études sur le genre, Mme Mercier s’intéresse à la représentation de certains groupes sociaux minoritaires. Elle effectue ses recherches sur les moyens dont les marginaux et minorités vont se servir du numérique pour raconter, témoigner et se rendre visibles. Le numérique sert à donner une voix aux marginaux et minorités, mais offre aussi un moyen d’affrontement et de violence. Quoi qu’il en soit, les lieux numériques permettent aux minorités, surtout celles éloignées, à quitter l’isolement et avoir accès à des communautés qui les comprennent et vivent leur réalité.

À la vue de ces exposés, il est clair que le numérique permet de raconter de façon originale, créative et différente ed courtes ou de longues histoires. En quittant les normes établies, le numérique offre une voix, à qui veut bien raconter son histoire!