Québec, le 11 juin 2024 – Québec numérique annonce, avec une profonde consternation, la fin imminente de ses activités, mettant ainsi en péril le parcours des 220 étudiants·e·s en programmation informatique dans son campus 42 Québec. Cette décision, effective à partir du 31 juillet 2024, résulte d’une situation financière devenue insurmontable, malgré les efforts continuels et les nombreuses démarches entreprises afin d’obtenir le financement prévu de 500 000 $ attendu depuis septembre 2023 de la part du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale (MESS).Non seulement les 500 000 $ prévus à l’entente ne sont jamais venus, mais le 1 M $ supplémentaire à venir, nécessaire à la réalisation du projet de 42 Québec, dans le contexte, pourrait ne jamais arriver.
Au cours des 9 derniers mois, Québec numérique a subi une pression financière croissante due au retard dans le versement des fonds de la part du ministère. Ce financement destiné à soutenir le projet 42 Québec a été retenu en raison de questionnements administratifs non résolus.
Malgré de multiples appels à l’aide et des propositions de solutions dans une totale collaboration et transparence de la part de l’organisme, aucune issue n’a été trouvée, laissant l’organisation dans une position maintenant intenable. Plutôt que de s’asseoir et de trouver une lecture commune des fichiers transmis, le Ministère a claqué la porte en se réfugiant derrière une enquête.
Face à cette absence de soutien financier, Québec numérique a dû pallier le versement manquant en puisant dans ses propres ressources pour éviter tout bris de service auprès des étudiants de 42 Québec. Des coupes budgétaires drastiques ont aussi été effectuées et des personnes ont perdu leur emploi. La situation financière est devenue insoutenable pour l’ensemble de Québec numérique et ses projets.
Cette situation bouleverse profondément l’organisation, qui a toujours agi avec rigueur dans la gestion de ses fonds publics d’autant plus qu’elle est dûment auditée annuellement par des spécialistes en comptabilité et qu’elle a toujours répondu aux attentes de ses bailleurs de fonds publics jusqu’à maintenant, y compris de la Commission des partenaires du marché du travail qui relève directement du MESS. En aucun cas, les sommes provenant du public n’ont servi à autre chose que 42 Québec et sa mission de former une main-d’œuvre qualifiée dans un secteur d’activité névralgique.
« La position inexplicable du ministère a démobilisé plusieurs partenaires et a semé le doute sur l’initiative, limitant l’implication de nombreux autres collaborateurs potentiels et contribuant ainsi à la mort de ce projet innovant. Nous avons exploré toutes les avenues possibles et pris des décisions difficiles, croyant que cela donnerait le temps à notre cri du cœur d’être entendu, mais sans succès. Notre main tendue avec la plus grande transparence n’a malheureusement pas résonné auprès du gouvernement qui a fait le choix de l’opacité. Triste situation pour 42 Québec dans lequel la communauté numérique s’est engagée durant les cinq dernières années, effaçant du revers de la main un investissement collectif de plus de 8 M$ dans ce projet. C’est sans parler de Québec numérique, l’organisation et ses accomplissements des 15 dernières années comme la Semaine numériQC et le Web à Québec (WAQ), deux événements phares qui ont fait la renommée de Québec dans l’écosystème numérique. »
Joé Bussière,
Co-fondateur et membre du conseil d’administration de Québec numérique
Soulignant tout juste ses trois ans, 42 Québec aura eu la chance d’accueillir plus de 700 candidat·e·s et profite d’un taux d’insertion professionnelle frôlant les 100 % dès la fin de leur premier stage. Il a attiré plus d’une vingtaine de fidèles partenaires qui ont cru au projet. La Semaine numériQC et le Web à Québec, dont la 13ᵉ édition vient de se terminer, ont réuni, à eux deux, des dizaines de milliers de participant·e·s et des centaines de partenaires de diverses industries, générant plus de 3 M$ de retombées économiques significatives pour la Capitale-Nationale, uniquement dans la dernière année. Enfin, plus de 500 entreprises ont été soutenues par l’équipe-conseil de l’organisation à travers différents programmes de soutien, dont le parcours 100 % NumériQC, mis sur pied en collaboration avec la Ville de Québec.
Bien que la fermeture semble inévitable, tous nos efforts sont actuellement concentrés à minimiser les impacts négatifs sur les initiatives en cours et à la recherche d’alternatives permettant aux étudiant·e·s de poursuivre leur formation. Ces 220 étudiant·e·s, qui n’ont pas toujours trouvé leur voie dans le système scolaire traditionnel, se sont engagés dans une alternative porteuse d’espoir pour leur développement professionnel et méritent qu’on se mobilise pour eux.
Si tout a été tenté pour éviter la déchirante décision de cesser les activités de l’organisme, il demeure difficile, voire inimaginable, de dire adieu à ces projets porteurs. Les initiatives innovantes propulsées par Québec numérique et déployées avec le soutien indéfectible de la communauté ont créé, au fil des ans, des synergies précieuses pour le tissu socio-économique de la Capitale-Nationale et des collaborations fortes à travers la francophonie.
Une réflexion profonde s’impose
« Les dédales administratifs dans lesquels ont été plongés Québec numérique au cours des derniers mois soulèvent une réflexion essentielle sur la capacité du gouvernement à soutenir l’innovation au Québec avec des critères qui n’ont pas évolué, d’autant plus dans la Capitale-Nationale, qui ne semble plus faire partie de ses priorités. Il est impératif d’ouvrir une discussion publique sur les moyens de créer de meilleurs ponts entre les processus administratifs et l’innovation, surtout à une époque où nous devons miser plus que jamais sur l’innovation sociale pour répondre aux défis de notre société. »
Martine Rioux,
Présidente du conseil d’administration de Québec numérique
Québec numérique souhaite que cette situation incite à revoir les mécanismes de soutien aux initiatives d’impact avec des retombées tangibles, mais qui n’entrent souvent pas dans le moule administratif. Il est crucial de leur fournir un appui qui prend en considération leur réalité. La fragilité des OBNL est une préoccupation partagée qu’il ne faut pas oublier. Les retards ou diminutions soudaines de financement peuvent avoir des conséquences dévastatrices pour des projets essentiels à la communauté. Cette expérience démontre que sans ouverture ni collaboration adéquate, leur viabilité est définitivement compromise.
Rappelons que depuis 2011, Québec numérique a pour mission de dynamiser l’écosystème numérique. Grâce à ses projets phares et aux rencontres qu’il a provoquées, l’organisme a travaillé à créer une communauté de professionnel·le·s passionné·e·s en devenant un catalyseur d’apprentissage et de collaboration. Québec numérique remercie chaleureusement toutes les personnes (employé·e·s, bénévoles, collaborateurs·trices·, etc.) et organisations partenaires qui ont soutenu ses initiatives de près ou de loin et espère que cet héritage de créativité, de partage et de rassemblement continuera à enrichir et à inspirer la communauté.
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SOURCE POUR INFORMATION ET ENTREVUE :
Carole-Ann Labrie
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